Le vilain bâton
Il était une fois,
Un bâton comme les autres bâtons, tombé par terre dans une forêt verte de lutins.
Mais ce bâton était très vilain, il restait parmi les feuilles en claquant et en boudant comme s'il n’était pas content.
Les lutins de la forêt étaient toujours bloqués et dérangés par ce bâton alors ils criaient sur le bâton et le grondaient. Ils avaient tant de choses à faire du matin jusqu'au soir, ils parcouraient la forêt à travers et ils n'avaient pas du temps à perdre à cause d'un vilain bâton.
A chaque fois que les lutins tombaient, ils se mettaient en colère contre le bâton, ils l'attrapaient tous d'un coup et le jetaient au plus loin possible.
- On t'avait dit de nous laisser passer ! criaient et s'emballaient les lutins furieux.
- Tu nous bloques et tu nous empêches de travailler !
- Pourquoi ne reste-tu pas avec les autres bâtons et nous laisse tranquilles ?
Mais le bâton faisait mine de ne rien entendre. Il se roulait encore plus fort ! Il frappait avec force la terre en faisant soulever les feuilles et la poussière et semblait dire :
- Si vous me jetez, je vous mets le piège !
Les lutins tombaient les uns sur les autres, se levaient fâchés et continuaient le chemin en menaçant le bâton :
- Tu verras, on va te jeter !
Mais le bâton ne s'arrêtait pas ! Il tournait plus vite dans l'air, des feuilles et de la terre se collaient au bâton et il devenait de plus en plus gros et noir ! Jour après jour, le bâton devenait de plus en plus grand et fort, son écorce devenait plus épaisse, il se cachait dans des brins d'herbe et il était toujours aux aguets et prêt à frapper. Il claquait et frappait avec force dans la terre et tout le monde avait commencé à l'éviter car personne n'avait plus le courage de le jeter en l'air.
Mais la nuit quand la toute la forêt et les lutins dormaient, le bâton se balançait doucement et soupirait :
- Je ne suis qu'un morceau sec de bois, un bon à rien, je bloque tout le monde et tous les lutins trébuchent.
La fée de la forêt qui venait de passer par là, a entendu les pleurs du bâton, elle s'est assise à côté de lui et l'a regardé avec douceur.
- Petit bâton, pourquoi te regardes-tu à travers les yeux des autres ? Pourquoi tu regardes seulement à l'extérieur et si peu à l'intérieur?
- Mais comment puis-je me regarder autrement que par le regard des autres ? Et que suis-je autre chose qu'un bâton cassé, un bon à rien ? se balança tristement le bâton.
- Tu te souviens, lorsque tu étais une branche verte pleine de vie ? Lorsque tu te balançais dans l'arbre sur le chant de la forêt ?
- Oh ... je ne me rappelle plus ce que j'étais y a longtemps, comment m'en rappeler ...
- Quand tu entends la chanson que tu chantes dans ton cœur, tu te souviendras! Tu n'es pas seulement un bâton cassé et jeté, tu es la Foret toute entière ! lui sourit la petite fée et s'envola plus loin.
Le petit bâton resta pensif.
- Mais qu'est ce qu'elle raconte cette fée? Comment ça, une chanson dans mon cœur ? Une chanson qui existe en moi depuis que j'étais une brindille verte, depuis toujours?
Le lendemain matin, la pluie se mit à tomber dans la Forêt.
Et chose étrange ... les gouttes de pluie dansaient joyeuses sur l'écorce du bâton. Le bâton n'arrivait pas à le croire il entendait pour la première fois le son des gouttes de pluie tombant et glissant sur son écorce et il sentait les gouttes de pluie glisser et le chatouiller. Lorsque le vent commença à souffler, le bâton se roulait dans les feuilles, les feuilles se roulaient autour de lui et il entendait le bruissement à l’intérieur et à l’extérieur de lui-même. Au moment où un lutin trébucha sur lui, le bâton a entendu le claquement de son écorce et il se mit à rire. Le lutin regarda le bâton, le bâton regarda le lutin et les deux éclatèrent de rire. Quand il tomba sur le toboggan de mousse verte, il avait l'impression de glisser sur un tapis doux et il atterrit dans les brins d'herbe qui l’entouraient et l'embrassaient.
Il avait l'impression d'être la Forêt même et il dansait sur le chanson de la forêt.
Un jour, un garçon qui se promenait dans la forêt et cherchait quelque chose très attentivement trébucha juste sur le vilain bâton.
- Oh wow c'est exactement ce que je cherchait ! Hurrah quel bâton merveilleux, il est parfait!
Le bâton ébloui n'arrivait pas à croire que le garçon parlait de lui-même.
Les lutins se précipitèrent pour voir de quoi s'agit-t-il, qu'est ce que c'est que le garçon a trouvé dans leur bois. Ils se cachèrent derrière un arbre, penchés au tronc et suivirent de près le garçon.
Le garçon prit avec soin le bâton dans ses mains, ses yeux se remplirent de joie et il regardât le bâton comme s'il était la chose la plus merveilleuse au monde. Le bâton frémit d'émotions! D'abord, le garçon le nettoya de feuilles sèches et de poussière, le chauffa et le frotta avec attention dans ses mains.
- Mais qu'est ce qu'il va faire? chuchotèrent les lutins curieux.
Le garçon continua à travailler avec le bâton, ses mains et ses yeux travaillaient ensemble, mêlaient le bâton aux brins d'herbe, le modelant et le caressaient, ses doigts glissaient sur le bâton et le bâton glissait à travers ses doigts. Quand le garçon finit, il l'installa doucement dans l'herbe et sourit :
- Le balançoire de la Forêt est prêt !
Les lutins n'arrivaient pas à le croire : un merveilleux balançoire brillait dans l'herbe.
Et ils exclamèrent tous fascinés:
- Oh quelle merveille !
Mais tout d'un coup ils commencèrent à gigoter et à murmurer :
- Mais c'est impossible ! C'est quelle sorte de magie ? Comment ça se fait qu'un bâton qui bloquait tout le monde est maintenant un superbe balançoire ?
- Hihi, ria la fée de la Forêt. C'est parce que vous, vous avez choisi de regarder le bâton comme un obstacle et vous avez reçu un obstacle, un croche-pied. Mais le garçon a choisi de le regarder comme une merveille et il a reçu une merveille. C'est ça la magie.
Et la fée s'envola directement sur le balançoire, elle prit de l'élan et se lança avec force en s'éclatant de rire !
Fin