Il était une fois,
Un bâton comme les autres bâtons, tombé par terre dans une forêt verte de lutins.
Mais ce bâton était très vilain, il restait parmi les feuilles en claquant et en boudant comme s'il n’était pas content.
Les lutins de la forêt étaient toujours bloqués et dérangés par ce bâton alors ils criaient sur le bâton et le grondaient. Ils avaient tant de choses à faire du matin jusqu'au soir, ils parcouraient la forêt à travers et ils n'avaient pas du temps à perdre à cause d'un vilain bâton.
A chaque fois que les lutins tombaient, ils se mettaient en colère contre le bâton, ils l'attrapaient tous d'un coup et le jetaient au plus loin possible.
- On t'avait dit de nous laisser passer ! criaient et s'emballaient les lutins furieux.
- Tu nous bloques et tu nous empêches de travailler !
- Pourquoi ne reste-tu pas avec les autres bâtons et nous laisse tranquilles ?
Mais le bâton faisait mine de ne rien entendre. Il se roulait encore plus fort ! Il frappait avec force la terre en faisant soulever les feuilles et la poussière et semblait dire :
- Si vous me jetez, je vous mets le piège !
Les lutins tombaient les uns sur les autres, se levaient fâchés et continuaient le chemin en menaçant le bâton :
- Tu verras, on va te jeter !
Mais le bâton ne s'arrêtait pas ! Il tournait plus vite dans l'air, des feuilles et de la terre se collaient au bâton et il devenait de plus en plus gros et noir !
Jour après jour, le bâton devenait de plus en plus grand et fort, son écorce devenait plus épaisse, il se cachait dans des brins d'herbe et il était toujours aux aguets et prêt à frapper.
Il claquait et frappait avec force dans la terre et tout le monde avait commencé à l'éviter car personne n'avait plus le courage de le jeter en l'air.
Mais la nuit quand la toute la forêt et les lutins dormaient, le bâton se balançait doucement et soupirait :
- Je ne suis qu'un morceau sec de bois, un bon à rien, je bloque tout le monde et tous les lutins trébuchent.
La fée de la forêt qui venait de passer par là , a entendu les pleurs du bâton, elle s'est assise à côté de lui et l'a regardé avec douceur.
- Petit bâton, pourquoi te regardes-tu à travers les yeux des autres ? Pourquoi tu regardes seulement à l'extérieur et si peu à l'intérieur?
- Mais comment puis-je me regarder autrement que par le regard des autres ? Et que suis-je autre chose qu'un bâton cassé, un bon à rien ? se balança tristement le bâton.
- Tu te souviens, lorsque tu étais une branche verte pleine de vie ? Lorsque tu te balançais dans l'arbre sur le chant de la forêt ?
- Oh ... je ne me rappelle plus ce que j'étais y a longtemps, comment m'en rappeler ...
- Quand tu entends la chanson que tu chantes dans ton cœur, tu te souviendras! Tu n'es pas seulement un bâton cassé et jeté, tu es la Foret toute entière ! lui sourit la petite fée et s'envola plus loin.
Le petit bâton resta pensif.
- Mais qu'est ce qu'elle raconte cette fée? Comment ça, une chanson dans mon cœur ? Une chanson qui existe en moi depuis que j'étais une brindille verte, depuis toujours?
Le lendemain matin, la pluie se mit à tomber dans la Forêt.
Et chose étrange ... les gouttes de pluie dansaient joyeuses sur l'écorce du bâton. Le bâton n'arrivait pas à le croire il entendait pour la première fois le son des gouttes de pluie tombant et glissant sur son écorce et il sentait les gouttes de pluie glisser et le chatouiller.
Lorsque le vent commença à souffler, le bâton se roulait dans les feuilles, les feuilles se roulaient autour de lui et il entendait le bruissement à l’intérieur et à l’extérieur
de lui-même. Au moment où un lutin trébucha sur lui, le bâton a entendu le claquement de son écorce et il se mit à rire. Le lutin regarda le bâton, le bâton regarda le lutin et les deux éclatèrent de rire.
Quand il tomba sur le toboggan de mousse verte, il avait l'impression de glisser sur un tapis doux et il atterrit dans les brins d'herbe qui l’entouraient et l'embrassaient.
Il avait l'impression d'être la Forêt même et il dansait sur le chanson de la forêt.
Un jour, un garçon qui se promenait dans la forêt et cherchait quelque chose très attentivement trébucha juste sur le vilain bâton.
- Oh wow c'est exactement ce que je cherchait ! Hurrah quel bâton merveilleux, il est parfait!
Le bâton ébloui n'arrivait pas à croire que le garçon parlait de lui-même.
Les lutins se précipitèrent pour voir de quoi s'agit-t-il, qu'est ce que c'est que le garçon a trouvé dans leur bois.
Ils se cachèrent derrière un arbre, penchés au tronc et suivirent de près le garçon.
Le garçon prit avec soin le bâton dans ses mains, ses yeux se remplirent de joie et il regardât le bâton comme s'il était la chose la plus merveilleuse au monde. Le bâton frémit d'émotions!
D'abord, le garçon le nettoya de feuilles sèches et de poussière, le chauffa et le frotta avec attention dans ses mains.
- Mais qu'est ce qu'il va faire? chuchotèrent les lutins curieux.
Le garçon continua à travailler avec le bâton, ses mains et ses yeux travaillaient ensemble, mêlaient le bâton aux brins d'herbe, le modelant et le caressaient, ses doigts glissaient sur le bâton et le bâton glissait à travers ses doigts.
Quand le garçon finit, il l'installa doucement dans l'herbe et sourit :
- Le balançoire de la Forêt est prêt !
Les lutins n'arrivaient pas à le croire : un merveilleux balançoire brillait dans l'herbe.
Et ils exclamèrent tous fascinés:
- Oh quelle merveille !
Mais tout d'un coup ils commencèrent à gigoter et à murmurer :
- Mais c'est impossible ! C'est quelle sorte de magie ? Comment ça se fait qu'un bâton qui bloquait tout le monde est maintenant un superbe balançoire ?
- Hihi, ria la fée de la Forêt. C'est parce que vous, vous avez choisi de regarder le bâton comme un obstacle et vous avez reçu un obstacle, un croche-pied. Mais le garçon a choisi de le regarder comme une merveille et il a reçu une merveille. C'est ça la magie.
Et la fée s'envola directement sur le balançoire, elle prit de l'élan et se lança avec force en s'éclatant de rire !
Fin
Il était une fois,
Un petit Bourgeon qui venait à peine d'apparaître sur le buisson de roses et gazouillait heureux dans la lumière du Soleil. Il était si heureux de tout ce qu'il voyait autour de lui, il faisait sortir sa petite tête à travers les feuilles et il saluait tout le monde !
- Bonjour les coccinelles! Bonjour les nuages! Bonjour le ciel !
Il respirait l'air et se remplissait de joie. Il sautait en haut et plongeait dans le ciel en le chatouillant.
Il avait tant de choses à faire et à découvrir, il était si heureux d'être un Bourgeon qu'il commença à se balancer sur les branches du buisson et à s'éclater de rire vers les nuages.
- Arrête tout de suite ! lui cria la Grande Rose Rouge fleurie. Arrête de bouger comme ça !
- C'est pas le moment de jouer ! continua la Rose Rose. Tu devrais t'occuper de fleurir. Tu es déjà apparue depuis longtemps dans le buisson. Tu ne fais rien qu'à perdre le temps en regardant le ciel alors que tu devrais être déjà une rose éclose !
Le petit Bourgeon s'arrêta surpris, il ne s'attendait pas du tout à ça. Il soupira tristement, baissa sa tête et se cacha derrière les feuilles du buisson. Des perles de rosée coulaient le long de ses sépales verts.
Toutes les roses autour de lui semblaient être si sérieuses, toutes parlaient de comment éclore, de qui a fleuri en premier, de qui est la plus belle et la plus grande, qui a fleuri plus vite, qui a plus de pétales. Toutes les roses se dépêchaient à se débarrasser du vêtement vert de sépales, à faire sortir leurs pétales colorées et à grandir dans le buisson !
Toutes les roses attendaient avec impatience le jardinier qui venait chercher la rose la plus belle.
- Quand est-ce que tu comptes fleurir? le poussait la Rose Rouge.
- Pourquoi tu fleuris si lentement ? le piquait la Rose Rose. Les autres bourgeons ont fleuri avant toi et sont plus grands que toi ! Quelle honte !
Parfois la Rose Rouge et la Rose Rose lui parlaient gentiment :
- Tu es déjà un grand Bourgeon, tu dois apprendre à fleurir comme nous tous !
- Tiens, je vais te montrer comment faire, continua la Rose Rose. Pour devenir une grande rose comme moi, tu dois faire comme ça : tu te balances vers la gauche ensuite vers la droite, tu tournes trois fois, après tu sautes en haut et Poooc ton vêtement vert se déchire.
- Oh! mais moi je ne veux pas comme ça, je ne veux pas déchirer mes feuilles ! cria le petit Bourgeon. Il se blottissait en lui-même et les sépales verts se serraient encore plus autour de lui.
D'autres fois, les deux grandes roses le secouaient et criaient avec impatience :
- Allez ! Tu est le dernier à ne pas éclore ! Tu as reçu tout ce dont tu as eu besoin : de la terre, de l'eau, de la chaleur et de la lumière et tout ce qu'on te demande c'est de fleurir !
- Mais on ne m'a pas laissé le sentir, a répondu avec peur le Bourgeon.
- Oh quelle vilaine rose têtue! l'a secoué avec force la Rose Rose. Nous prenons soin de toi et voilà ce que tu réponds ! Le jardinier devrait être là et tout ce qu'on nous demande c'est de fleurir alors fleuris une fois pour toutes !
Mais... plus on le secouait, plus le Bourgeon se fermait en lui-même, plus on le grondait plus il refusait à s'ouvrir. Plus on le piquait, plus ses épines devenaient plus grandes et plus nombreuses.
Il aurait voulu piquer tout le monde et déchirer le buisson! Mais... il restait penché, tremblant à l'intérieur et piquant à l'extérieur. Il ne voulait pour rien au monde se dévêtir de ses sépales verts, il devenait de plus en plus engourdi et ça lui faisait si mal de bouger.
La nuit, lorsque personne ne l'entendait, il pleurait étouffé dans le buisson et les mots durs lui résonnaient encore dans la tête : ''Vilaine rose têtue ! Tu n'es qu'un bon à rien !''
Mais la Lune l'a entendu et l'a caressé de ses rayons doux.
- Pourquoi tu pleures petit Bourgeon ?
- Je ne veux pas éclore comme les autres roses ! Je ne peux pas ! Je ne peux pas ouvrir mes pétales! Je ne sais pas comment fleurir ni pourquoi le faire ...
- Tu pleures parce que tu ne veux pas fleurir comme les autres ? Parce que tu ne veux pas faire la même chose que les autres roses ?
Le petit Bourgeon a hoché la tête en signe d'approbation.
- Alors... Fleuris comme toi-même et non pas comme les autres !
- Mais je suis comment moi?
- Tu voudrais être comment ?
- Je ne sais pas ... Je ne connais même pas la couleur de mes pétales ...
- Tu peux la connaître si tu fleuris !
- Fleurir... mais comment ?
- Dans tes graines tu trouveras tout ce que tu as besoin de connaître !
- Et c'est où mes graines ?
- Elles sont depuis toujours à l'intérieur de toi, dans ton cœur ! Elles sont cachées en toi comme un trésor ! Lorsque tu t'écoutes toi-même, lorsque tu te prends dans tes bras, les graines commencent à te parler ! Les autres roses ont oublié à sentir et à aimer leurs graines. Les autres roses ont fleuri pour le jardinier. Mais toi, tu vas fleurir par amour pour toi-même !
Et la Lune continua :
- Personne ne sait mieux que toi comment éclore et devenir une rose heureuse. Écoute ton cœur et tes graines et tu sauras comment fleurir !
Le petit bourgeon aurait voulu poser encore plein de questions mais il s'est endormi soupirant dans le clair de la lune.
Quand il s'est réveillé le matin, le petit Bourgeon se sentait différemment. Autour de lui, il y avait le même bourdonnement des roses qui se dépêchaient comme d'habitude mais aujourd'hui ça ne le dérangeait plus. Il avait autre chose plus importante à faire!
Il s'est blotti en lui même et il s'est serré dans ses bras et pour la première fois il a entendu à l'intérieur de lui-même ses graines sautant de joie.
- Oh bonjour mes jolies graines!
- Hi hi! On croyait que tu n'allais plus nous voir, ont répondu les petites graines.
- Je suis très curieux de découvrir la couleur de mes pétales. Est-ce qu'elles sont rouges ? Ou bien roses ? Ou peut-être blanches ? Qu'en pensez-vous ? J'aimerais être .... et à cet instant même, un flocon de pissenlit s'est mis sur la pointe de sa tête et le Bourgeon a éternué ''Atchoum'' !
Et comme par miracle, le vêtement vert de sépales se desserra doucement autour de lui.
Le Soleil brillait fortement dans le ciel et le petit Bourgeon commença à danser dans les rayons du Soleil.
- J'aimerais être comme un Soleil, chuchota le Bourgeon souriant au Soleil.
- Qu'il en soit ainsi! répondirent joyeuses les petites graines.
Les rayons du Soleil caressaient et chauffaient le Bourgeon.
Le vêtement de sépales verts s’ouvra doucement et des pétales jaunes dorées jaillirent de son cÅ“ur de lumière !
Quand il a vu ses pétales merveilleux, son cœur s'est ouvert de joie ! Le Bourgeon a enfin déployé ses pétales un à un et la Rose est éclose dans les bras du Soleil.
Lorsque le jardinier arriva dans le jardin, il en resta ébloui !
Il n'avait jamais vu une telle Rose auparavant. Il cueillit toutes les autres roses et les rangea dans des boîtes pour les vendre aux fleuristes. Puis il revint dans son jardin et il resta en silence à regarder et à aimer la Rose Dorée.
La Rose têtue brillait maintenant comme un Soleil dans son jardin !
Il était une fois,
Une souris bien petite, du nom de Sibil qui vivait avec ses parents dans un terrier, à la racine d'un arbre, juste à coté d'un lac.
Sibil avait un grand problème : il avait très peur de sortir de son terrier et affronter la Forêt.
Bien sûr, tout le monde sait que les souris sont peureuses mais Sibil était la souris la plus effrayée au monde, il avait peur de tout ce qui bougeait dans la Forêt même de son reflet dans le Lac.
Chaque matin lorsque la maman souris réveillait Sibil pour aller à l’École de la Forêt, Sibil pleurait et criait :
- Je ne veux pas sortir dans la Forêt ! Je ne veux pas aller à l’École ! Je veux rester ici !
Il se blottissait comme une petite balle dans un coin du terrier et tremblait de toute sa fourrure marrone.
- Mais Sibil, tu dois aller à l'École ! Comment vas-tu apprendre à devenir une grande Souris si tu ne vas pas à l’École ?
Mais peu importe les explications et les prières de sa maman, Sibil ne voulait rien entendre !
Il se blottissait dans son petit coin du terrier où il se sentait en sécurité.
Finalement sa maman n'avait pas d'autre solution que de le pousser brusquement hors du terrier.
Et la folie commençait :
Une fois dehors, Sibil avait l'impression que la Forêt entière le suivait et l'attaquait !
Sibil se roula comme une balle de fourrure et tomba avec bruit directement dans l'amas de feuilles sèches. Dès qu'il atterrit, les feuilles jaillirent au-dessus de sa tête, sautèrent dans tous les sens en lui couvrant la tête et le piquant de tous les cotés. Sibil s’efforça de sortir de l'amas de feuilles, frappa avec ses petites pattes, tourna en rond, sauta tout en haut et les feuilles sautèrent encore plus haut.
Il réussit à peine à s’échapper du monticule de feuilles et s'enfuit plus loin.
Mais dès qu'il commençait à courir, les racines des arbres sortaient de la terre et se jetaient sur la souris pour l'encercler. Pauvre Sibil, il trébucha et tomba, se leva encore, courut tout essoufflé, sauta au-dessus des racines et à travers les racines, mordit à gauche et à droite essayant de se sauver. Mais dès qu'elles le voyaient courir, les branches se penchaient vers Sibil, se courbaient et l’attrapaient par la queue tout en le jetant d'un arbre à l'autre. Les bâtons malins se levaient debout autour de lui en lui bloquant le passage. Les buissons le poussaient et le suffoquaient ! Les brins d'herbe le piquaient et les fleurs s'enroulaient autour de lui.
Finalement, il arriva à l’Ecole de la Forêt, haletant, fatigué, blessé, son petit cÅ“ur battant si fort à lui sauter de la poitrine. Et la folie continuait : les autres souris le poussaient, lui arrachaient les affaires et se moquaient de lui en l’appelant : ''Sibil peureux ! Sibil peureux !''
Et la peur de Sibil devenait de plus en plus grande et il ne voulait plus que partir. Quand enfin les cours finissaient, il était le premier à rentrer à la maison comme une flèche !
Pauvre Sibil, il se sentait comme une balle, lancé de sa maison et jeté dans tous les sens par la Forêt et les animaux. Et plus il courait, plus il avait l'impression que la Forêt se précipitait sur lui et l'attaquait.
Mais un beau matin, quand il courait vers l’école et luttait contre la Forêt, il entendit des chuchotements :
- Sibil ... Sibil ...
Il s'est arrêté brusquement et il a écouté !
La Forêt s'est arrêté brusquement elle aussi.
A nouveau les mêmes chuchotements :
-Sibil ... Sibil ...
- Oh, il m'a semblé avoir entendu mon nom, regardait Sibil très étonné tout autour de lui. Mais... dis-donc, qui pourrait m’appeler dans la Forêt ?
Plutôt curieux, Sibil regarda les Arbres : - Qui donc ?
Et les Arbres l'ont regardé : - Qui donc ?
Ensuite il regarda les feuilles et les feuilles l'ont regardé curieuses : - Qui donc ?
Il s'est penché vers l'herbe et les petits brins d'herbe ont chanté en chœur : - Qui donc ? Qui donc ?
- Hi Hi! on entendit un rire cristallin venant des Champignons. C'est moi, la Fée de la Forêt ! lui sourit la Petite Fée perchée au sommet du chapeau d'un champignon.
La joyeuse fée lui souriait si gentiment que Sibil, les yeux grands et curieux, s'est approché d'elle.
Et ... chose étrange, plus il marchait doucement plus la Forêt bougeait doucement elle aussi.
- D’après ce que je vois, tu cours très bien ! on dirait une toupie à fourrure ! Mais ... sais-tu Sibil que lorsque tu t'enfuis par peur, la Forêt et les autres ressentent ta peur et t'attaquent à leur tour ?
Alors que, lorsque tu regardes avec curiosité et amour, tout se transforme autour de toi et devient beau.
C'est comme si ton regard était une baguette magique : Si tu vois la peur tu reçois la peur si tu vois la beauté, tu reçois la beauté !
Sibil écoutais attentivement et la Forêt écoutait avec lui !
- Lorsque tu as peur, la Forêt ressent ta peur et te répond de la même façon avec peur !
- Mais moi je ne veux pas attaquer la Forêt, soupira Sibil.
- Alors ... Arête-toi Sibil ! Arête-toi et regarde autour de toi ! Que vois-tu ? Hi hi ! Et la Petite Fée disparut.
- Que vois-tu ? répéta la Forêt comme un écho.
Sibil n’était pas sûr de tout comprendre mais il rentra à la maison en marchant doucement et guettant la Forêt à chaque pas.
Le lendemain matin, pour la première fois il se réveilla et sauta de son terrier plein de joie :
- Hmmm je me demande ce que je vais découvrir le long du chemin dans la Forêt ?
- Oh wow, un pissenlit géant ! Et sans plus attendre Sibil se jeta au milieu du pissenlit, les flocons sautant sur sa tète et chatouillant son petit nez.
- Oh wow quelles belles fleurs, je me demande quel est leur parfum. Et les jolies fleurs semblaient lui dire : '' Viens, Viens jouer avec nous ! ''
- Et si je montais sur le toboggan des fleurs ? Curieux, Sibil grimpa tout en haut d'une fleur et se lança sur la tige de la fleur en criant de joie !
Il arrivait joyeux à l’école de la Forêt, des fleurs et des flocons de pissenlits sur sa tête.
Les autres copains étaient étonnés et ne reconnaissaient plus Sibil. Ils n'arrivaient pas à croire que c'était vraiment Sibil, la souris peureuse.
Ils étaient même curieux d'apprendre ce que Sibil avait découvert dans la Forêt ! Et certains de ses copains lui ont demandé de l'accompagner pour leur faire découvrir son secret !
Sibil les regardait gentiment et leur demandait curieusement :
- Que vois-tu donc ?
Maintenant il n'avait plus peur ! Il avait découvert que son regard était comme une baguette magique avec laquelle il
pouvait voir tant de belles choses !
Le rire de Sibil résonnait dans toute la Forêt et la Forêt entière riait avec lui !
Il était une fois,
Un Arbre magnifique et puissant qui poussait au bord d'un lac très calme.
Les pigeons se balançaient sur ses branches, les moineaux jouaient à cache cache dans ses feuilles et les écureuils couraient le long de son tronc en le chatouillant.
Les lapins, les écureuils et les oiseaux jouaient autour de lui et poussaient des cris de joie!
C’était un Arbre plein de vie et tous les animaux de la forêt l'aimaient bien.
Et l'Arbre était leur ami et leur offrait des feuilles pour jouer, les chassait avec ses longues branches et riait de toute son écorce en murmurant :
- Je vais vous attraper !!!
Ce qu'il aimait le plus c’était le matin, quand tous les oiseaux dormaient nichés dans ses feuilles et les écureuils ronflaient dans leurs hottes. L'Arbre levait ses branches vers le ciel et les secouait fortement. Alors toutes les perles de rosée tombaient sur la tète des oiseaux et des écureuils endormis et l'Arbre n'en pouvait plus de rire.
C'est comme ça que tous les matins commençaient et l'Arbre s'amusait bien avec ses amis.
Mais aujourd'hui quelque chose n'allait pas bien, quelque chose semblait le déranger comme si son écorce n’était pas bien à sa place, comme si ses racines ne tenaient pas bien et l'Arbre avait peur de perdre l’équilibre, comme si les feuilles tournaient et s'agitaient autour de lui et lui donnaient le vertige.
- Hmm c'est peut-être à cause du Vent, pensa-t-il.
C'est étrange mais le Vent ne soufflait pas, tout était calme et tranquille autour de lui. Comme d'habitude les oiseaux gazouillaient, les écureuils sautaient ici et là et les lapins jouaient autour de ses racines.
Et pourtant ... ce Vent ne le laissait pas en paix.
Deux moineaux commencent à crier et à se pousser l'une l'autre en s'arrachant les plumes!
- Mais quel vacarme! cria l'Arbre tout d'un coup et secoua fortement ses branches. Arrêtez tout de suite! hurla l'Arbre et agita ses branches dans tous les sens en frappant les oiseaux.
Effrayés, les oiseaux volèrent sur un autre arbre :
- Mais qu'est ce qui lui prend ? N'a-t-il jamais vu des oiseaux se disputer ?
Mais l'Arbre n'entendait plus rien, il semblait s'être transformé ! Il secouait si fort son tronc que des morceaux d’écorce sautaient dans tous les sens ! Les branches se frappaient les unes contre les autres et jaillissaient au-dessus comme si l'Arbre voulait griffer le Ciel. Des morceaux d’écorce et des brindilles cassées tombaient de tous les cotés et frappaient les lapins au-dessous de l'Arbre.
La colère de l'Arbre grandissait et cette fois-ci ses racines puissantes arrachaient la terre autour de lui. Les branches se jetaient aveugles vers les petites fleurs et les claquaient sans pitié, secouaient les flocons des pissenlits et arrachaient les brins d'herbe.
Les écureuils et les lapins couraient dans tous les sens, les oiseaux volaient agités au-dessus de l'Arbre et les insectes tremblaient et se cachaient pour se sauver.
Autour de l'Arbre, tout était devenu vide, tous les animaux s’étaient enfuis, les fleurs ne respiraient plus et les brins d'herbe restaient abattus au sol.
Alors, tout d'un coup, l'Arbre s'est arrêté, les branches figées en l'air : Tout était vide autour de lui.
Cette fois-ci, le Vent soufflait doucement mais l'Arbre restait figé et ne pouvait plus bouger ses branches, son tronc lui faisait mal et les racines le piquaient.
Mais qu'est ce qu'il s'est passé ? Où étaient tous ses amis? Des morceaux de feuilles et de brindilles gisaient par terre. Il se sentait complètement vide à l’intérieur et à l’extérieur.
- Oh qu'est ce que j'ai fait ? soupira l'Arbre.
Un petit garçon qui se promenait aux alentours a entendu l'Arbre pleurer et s'est approché de lui. Il a compris tout de suite ce qui s'est passé, l'a pris tendrement dans ses bras tout en caressant son tronc.
- Tu sais, ça m'est arrivé à moi aussi. Veux-tu que je te raconte ?
L'Arbre s'est penché vers le garçon pour mieux écouter.
- D'habitude, je suis un garçon très gentil mais parfois quand quelque chose me dérange, je perds mon contrôle et je me mets encore plus en colère que toi.
L'Arbre sourit :
- Oh je ne le crois pas ... Ce que j'ai fait est terrible, j'ai fait du mal à mes amis et ils se sont tous sauvés! J'ai si honte que je ne peux même plus les regarder dans les yeux !
- Oui, c'est exactement ce que je ressentais moi aussi! répondit le petit garçon.
Au début je ne savais pas quoi faire de cette colère qui m'envahissait, c’était plus fort que moi, comme si j’étais dans un tourbillon, comme si moi je n'existais plus mais seulement cette colère!
Je regardais furieusement les copains qui m'avait fâché, je criais, je poussais tout le monde, je cassais les jouets et je frappais dans tous les sens.
Mais un jour quand j’étais très en colère, il m'est arrivé quelque chose d’étrange : une Petite Fée est apparue soudain sur mon épaule. Elle m'a donné un petit miroir en chuchotant à mon oreille :
- C'est un Miroir Magique ! Que vois-tu dedans ?
- Mais que puis-je voir ... ai-je répondu pressé et nerveux. Rien qu'un garçon fâché et furieux!
La petite fée me sourit gentiment :
- Regarde bien le garçon du Miroir et écoute-le bien ! Qu'est ce qu'il te dit encore ?
- Mais que peut-il dire de plus ... qu'il est en colère, c'est tout!
- Plus tu fais du silence, plus tu vas l'entendre. Demande au garçon du Miroir ce dont il a besoin.
- Il a besoin qu'on ne lui arrache plus les jouets, voilà !
- Bien ... alors que pourrait-il faire pour qu'on ne lui arrache plus les jouets ?
- Je ne sais pas ... Il pourrait expliquer aux copains comment faire s'ils veulent jouer avec lui et lui demander gentiment de leur prêter les jouets une fois qu'il a fini.
Alors une chose magnifique est arrivée : le garçon du miroir soupira et me dit :
'' Et tu pourrais me regarder plus. Lorsque tu me regardes dans le miroir, tu me demandes ce dont j'ai besoin et tu m’écoutes, tu peux trouver des solutions pour tout! Lorsque tu regardes en extérieur vers les autres, tu diriges ta colère vers tes copains, tu leur fais mal et tu ne gagnes rien!
Reste encore avec moi, j'aime tellement quand tu me regardes et tu m’écoutes. Tu passes trop de temps avec tes copains et si peu de temps avec moi. ''
Et je suis resté le miroir devant moi, j'ai souri au garçon du miroir et il m'a souri !
Et depuis, si quelque chose ne va pas et que je me sens triste ou en colère ou que j'ai peur, il suffit de me regarder dans le Miroir Magique et me demander ce dont j'ai besoin. Et tu sais ce que j'ai remarqué ?
Que lorsque moi je suis gentil avec le garçon du miroir, les autres sont gentils avec moi aussi !
- Oui ... mais moi je n'ai pas de miroir, soupira l'Arbre tristement.
- Mais si !!! Tu en as u ! Regarde, tu as grandi au bord d'un Lac et tu n'as jamais vu ton reflet dans le Lac. Tu as regardé seulement autour de Toi et jamais en Toi! Viens, je vais t'aider!
L'Arbre, plutôt curieux, inclina doucement ses branches vers le Lac. Des brindilles étrangères apparurent brusquement dans l'eau et regardèrent l'Arbre avec curiosité.
L'Arbre effrayé s'est retiré tout de suite :
- Et si ... je ne vois rien ? Et si ... je n'aime pas ce que je vois ?
- Et si tu voyais quelque chose ? Et si tu aimais ce que tu voyais? Si tu ne regardes pas dans ton miroir c'est sur que tu n'y vois rien, mais si tu regardes ... que pourrais-tu voir ?
Mais qu'est ce qu'il racontait ce garçon ? Il ne comprenait rien à ce qu'il disait.
Et que pourrait-il donc voir dans le Lac ?
Il se pencha encore une fois, les mêmes branches se montrèrent curieuses comme la première fois. Il se pencha encore et encore jusqu’à ce que toute son image remplisse le Lac entier et les feuilles touchent l'eau. Il tressaillit d’émotions en voyant son image au cÅ“ur du Lac, portée pas des milliers de petites vagues.
- Oh! Je n'imaginais pas être si beau, murmura l'Arbre ébloui.
Et il est resté longtemps comme ça, penché vers le lac, vers soi-moi, à se caresser et à s'embrasser.
Alors quelque chose de merveilleux se passa : L'Arbre du Lac se mit à parler à l'Arbre du sol et lui dit:
'' Chaque Arbre a son propre Vent ! Quand on s'aime soi-même, le Vent nous aime aussi ! ''
Après avoir vu et aimé son reflet dans le Lac, l'Arbre s'est retourné vers le sol. Les fleurs, les pissenlits et les brins d'herbe levèrent leur petites têtes curieuses.
- Je vous demande pardon ! dit tristement l'Arbre. Je me suis trompé et je suis désolé. Ce n’était pas votre faute, c’était mon Vent à moi!
Les moineaux et les pigeons volèrent vers lui et se posèrent doucement sur ses branches. Les lapins et les écureuils s’approchèrent eux aussi de l'Arbre.
Ils le comprirent :
- Nous te pardonnons si tu te pardonnes toi-même !
Alors l'Arbre se pencha encore une fois vers le Lac et regarda son reflet dans l'eau :
- Je suis un bon Arbre et je me pardonne !
Et tous les oiseaux et les petits animaux l’entourèrent avec joie et amour. Et lui promirent de l'aider à chaque fois ou il se perd dans son Vent, de lui rappeler à se regarder dans le miroir du Lac.
Et depuis, la première chose qu'il fait chaque matin, est de se regarder dans son Miroir Magique et de se dire:
- Chaque Arbre a son propre Vent ! Je suis un bon Arbre et je m'aime tel que je suis!
Fin